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Patrick Mutombo : « J’ai commencé le basket à Droixhe et je me retrouve champion NBA ? » (2/3)

NBA – Avec deux bagues de champion, DJ Mbenga est le seul Belge à avoir gagné un titre dans la grande ligue en tant que joueur, même s’il a très peu joué. Mais un autre Belge a été champion : Patrick Mutombo, assistant-coach des Toronto Raptors en 2019.
Patrick Mutombo : « J’ai commencé le basket à Droixhe et je me retrouve champion NBA ? » (2/3)

Patrick Mutombo avec le trophée Larry O’Brien !

Crédit photo : D.R.

Un Belge champion en NBA ? Tout le monde citera Didier « DJ » Mbenga, champion NBA avec les Los Angeles Lakers en 2009 et 2010 aux côtés d’un certain Kobe Bryant. Certains penseront au rôle de Jacques Vanderscure, scout à San Antonio. Mais le nom de Patrick Mutombo ne viendra pas forcément directement en tête, alors qu’il a été assistant-coach aux Toronto Raptors en 2019. Après avoir discuté de son parcours, place à ce fameux titre NBA.  

Patrick Mutombo, vous avez gagné un titre en 2019 avec Toronto. Quelle émotion avez-vous ressenti à l’époque ?
Pour moi, c’était de voir ce que ce sport, et la victoire, pouvait faire à une ville, et dans ce cas même à un pays. J’ai vu la fierté dans le regard des gens, et je me suis dit que j’aimerais encore apporter ce sentiment à une autre ville. J’ai vu des gens qui se sont perdus dans ce que nous avons accomplis. Ça, ça m’a touché, plus qu’autre chose. J’ai vu le respect que les gens vous accordent, en tant qu’organisation, quand vous entrez quelque part avec le maillot de l’équipe qui a remporté le titre. Ce respect, cet honneur qui vous est accordé, ça c’est quand même assez cool. De voir ma famille dans la foule après la parade, de voir la joie dans leur regard, comment ils jouissaient du moment, c’est assez cool. Et il y a aussi le bonus qui va avec, on va se dire la vérité (rires).

Vous parlez ici de l’émotion ressenti par ceux que vous avez vus. Mais quelle a été votre propre réaction ?
Je me rappelle que quand on a gagné, Andre Iguodala, que j’ai encadré plus jeune, est venu m’embrasser, c’était assez cool car nous avons une histoire lui et moi, c’est comme mon petit frère. Le podium, les célébrations, c’était quand même assez cool. Mon épouse n’avait pas pu venir au match 6, elle était là au précédent. Donc j’étais content, mais c’est seulement quand j’étais dans ma chambre d’hôtel et que j’ai pu lui parler, que je me suis rendu compte de l’ampleur du moment. Je me suis dit « Mais qu’est-ce que je fous ici ? ». J’ai commencé le basket à Droixhe, et là je me retrouve champion NBA, qu’est-ce que je fous là ? Et c’est là que j’ai pleuré dans ma chambre d’hôtel, je me suis mis à genoux, j’ai remercié le bon Dieu de cette grâce. Il y en a qui ont bossé plus que moi, mais qui n’ont pas eu cette opportunité. Je n’ai rien fait de plus qu’eux pour me retrouver là, et je suis infiniment reconnaissant. « It humbled me » comme on dit en anglais. Je me suis dit « Pourquoi moi », et « merci, pour le fait que ce soit moi ».

« Je ne sais même pas où est ma bague de champion NBA »

Patrick Mutombo, champion avec les Toronto Raptors en 2019

Vous n’êtes plus à Toronto aujourd’hui, mais est-ce que ce titre a changé quelque chose ?
C’est intéressant, parce qu’au fur et à mesure des années, tu le veux tellement. Quand j’étais à Phoenix, je pensais que nous avions l’opportunité de gagner. Lorsque j’ai rejoint Milwaukee, je pensais que nous avions l’opportunité de gagner. Ce que gagner un titre a fait pour moi ? Je me suis rendu compte que ça m’a permis d’avoir une plus grosse voix lorsque je rejoins un staff. Le fait d’être allé au bout, je sais le prix que ça coûte de remporter un titre. Sur le plan émotionnel, la préparation, de la tactique… J’ai été à la montagne et je sais ce que ça coûte. Et je peux voir, lorsque j’entre dans une organisation, que ce n’est pas une organisation prête à gagner, il manque encore ci ou ça pour gagner. Tu peux voir l’intensité des play-offs, tu peux voir dans la préparation, et te dire que « ok, ce qu’on fait maintenant, ce n’est pas pour maintenant, c’est pour plus tard ». Mais lorsque tu t’adresses à un coach, il sait que tu as remporté un titre. C’est très intéressant, en NBA, l’importance qu’ils accordent à un coach qui a gagné. La victoire vous donne une telle valeur aux yeux des gens, c’est pour ça que les gens ont cette soif de gagner, aux USA. Cela va au-delà de l’obsession, lorsqu’on y a goûté, on se rend compte à quel point c’est difficile, et à quel point on le veut encore.

Et à l’inverse, comment ça se passe quand on a gagné une première fois, et que juste après on perd en play-offs ?
C’est un déchirement, c’est d’une tristesse, il y a un dégoût. Et surtout, lorsqu’on le fait depuis aussi longtemps que je le fais, vous savez ce qui s’en suit, cela signifie un probable déménagement parce qu’il faut changer lorsque l’on ne gagne pas, il y a vraiment une urgence. Je sais ce que ça coûte de ne pas atteindre les objectifs. Mon approche est différente, la manière dont j’introduis un exercice, dont je présente le travail, dont je m’adresse aux joueurs est différente. Il y a une intensité, un poids qui vient avec l’expérience, parce qu’on a vécu des choses agréables et moins agréables. Lorsque l’on présente quelque chose, il y a le poids de tout ça derrière. Lorsque l’on coache pendant les matches -d’ailleurs j’espère que vous ne me regardez pas trop souvent pendant les matches (rires) – on gesticule, il y a de l’intensité. Il y a souvent beaucoup de mes amis qui me parlent et me disent « mais t’es un fou furieux sur les matchs ». Bon, déjà cela fait un peu partie de ma personnalité, et aussi parce qu’il y a cette urgence, lorsque vous savez ce qu’il y a en jeu. Ce n’est pas coacher avec la peur, mais l’expérience dépose en vous certaines choses. C’est pour ça que, généralement – lorsque j’étais un jeune coach je ne m’en rendais pas compte – , les coachs âgés n’ont pas beaucoup de temps à perdre avec les jeunes joueurs qui ne pouvaient pas contribuer. Ils sont patients, mais avec le temps, je me retrouve à parler de la même manière, à traiter les jeunes joueurs de la même manière. C’est parce que j’ai eu la chance de faire partie d’équipes qui ont une chance d’être contenders, donc la mentalité est différente.

Patrick Mutombo fête le titre avec Serge Ibaka

Vous portez souvent votre bague de champion ?
Jamais. Pour tout vous dire je ne sais même pas où elle est. J’ai eu l’opportunité de remporter deux titres en division II de NCAA, un titre en NBA, et au-delà des bagues et de ce qui va avec, il y a le parcours. Je peux me regarder dans le miroir et me dire que je suis un gagnant. La plus grande valeur, c’est de pouvoir me dire que j’ai la recette pour gagner. J’ai fait partie des organisations qui gagnent, je sais ce que ça coûte. Je sais le sacrifice qui vient avec la victoire. On fait du sport pour gagner. Si j’ai l’opportunité de recruter des joueurs, je veux qu’ils viennent de programmes avec lesquels ils ont gagné. Lorsque quelqu’un vient d’un programme qui a gagné, il parle différemment, il marche différemment, il s’entraîne différemment, il s’habille différemment. Il y a quelque chose qui se dépose en vous lorsque vous gagnez, ce parcours, il y a quelque chose en vous qui se métamorphose. Ce qui se dépose en vous ne change plus, c’est éternel, cela vous accompagne dans tout ce que vous faites. Cela influence votre manière de parler, de réfléchir, votre approche des choses. Une fois que vous y êtes, c’est comme si on avait enlevé quelque chose devant vos yeux, et que vous ne pouvez plus voir les choses de la même manière. C’est ce que gagner apporte, plus que les bagues ou tout le reste. C’est pour ça que ça me fait mal lorsqu’après avoir gagné, on passe une autre saison sans gagner. C’est pour ça que les gens qui ont gagné il y a 50 ans, on les montre encore au milieu du terrain.

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